“La rentrée!” Après ce temps béni des vacances où parents et enfants ont connu le plaisir des repas dehors, des jeux sur le sable et du temps, oui surtout, du temps partagé sans stress et sans attentes, nous voilà tous repartis au boulot! Au boulot? Mais non, me direz-vous, les enfants, ils JOUENT; ce n’est pas du travail! Au fait, pourquoi les enfants aiment tant jouer? Ils ne pourraient pas être sérieux un peu, des fois?
En référence avec mon livre MOI J’APPRENDS EN JOUANT, qui traite du jeu spontané de l’enfant sous toutes ses facettes, laissez-moi vous entretenir de ce que vos jeunes enfants font de plus sérieux dans leur vie: Jouer. Étonnante affirmation quand tous parlent de performance, d’efficacité et d’apprentissages précoces!
Pourtant, le jeu spontané de l’enfant est l’outil d’apprentissage par excellence de l’enfance et il renferme les qualités de toute intervention préscolaire: préparer les enfants pour l’adaptation à l’école, pour les apprentissages de base et pour la vie en société. Voyez plutôt:
Grâce au jeu, l’enfant exerce toutes ses habiletés en même temps. Par exemple, quand votre enfant s’engage dans la construction d’un château, il se sert non seulement de son habileté corporelle et manuelle, mais aussi de son imagination, de sa mémoire et autres capacités cognitives. Ses sens le renseignent autant sur la qualité des matériaux que sur les notions d’espace, de dimension, de quantité… De plus, partager ce jeu avec ses amis exige des habiletés de langage, de relations sociales et de confiance en soi!
Le jeu, le saviez-vous? est indispensable à la formation de l’intelligence. En effet, vos petits apprennent à penser par tâtonnement, essais-erreurs, répétitions inlassables de l’expérience, plaisir de la découverte et plaisir de la réussite. Ainsi, lorsqu’un enfant tente de disposer son morceau de casse-tête, ou qu’il cherche quel bloc s’ajuste à sa construction, pendant qu’il essaye, qu’il recommence et se décourage, son esprit travaille. Tout au long de ses expérimentations, l’enfant observe, compare, différencie, associe, classe, ordonne… Et ces actions, contenues implicitement dans les jeux spontanés et concrets, le portent à comprendre, mémoriser, intégrer; et aussi à nommer les objets, les actions et les notions (couleur, forme, texture, dimension, quantité) (et aussi dans, sur, à côté…) Le jeu favorise donc l’éclosion de l’esprit logique, de l’intuition, de l’imagination…
Le jeu, avec ses expériences concrètes, est ainsi le moteur obligé de la formation de l’intelligence car il correspond au mode d’action et de pensée de l’enfant d’âge préscolaire. Selon Jean Piaget, qui nous a légué une compréhension originale du développement cognitif, aux stades “sensori-moteur” (avant deux ans) et “préopératoire” (2 à 7 ans), l’enfant pense avec son corps et ses sens. Il ne peut apprendre directement avec sa tête, il a besoin du mouvement et des expériences concrètes pour comprendre son environnement. Et… grand avantage s’il en est un, dans cette période d’apprentissage intensif, le jeu spontané inclut le plaisir, indispensable à toute action enfantine.
De plus, le jeu, c’est le temps indispensable à l’intégration sociale. Sans le jeu, nos enfants seraient sans doute incapables de s’adapter aux multiples contraintes sociales qui les assaillent dès leur plus jeune âge. Que ce soit pour établir le contact avec les autres, apprivoiser notre vie familiale puis le monde scolaire, apprendre l’art de la négociation ou se conformer à de nouvelles règles, rien ne vaut le jeu librement consenti où l‘on essaye ses propres forces en apprenant à s’adapter à celles des autres. De multiples facettes du jeu permettent également à l’enfant de perdre, de gagner, de s’affirmer face à ses pairs ou, au contraire, d’accepter les décisions des autres… toutes composantes obligatoires de l’adaptation à la vie en société.
Et encore plus: le jeu, c’est l’espace qui rapproche les désirs inaccessibles des projets réalisables; parcours indispensable pour franchir la distance qui sépare le plaisir de la réalité. C’est une tâche très difficile pour nos enfants que d’accéder au principe de réalité. Tout au plaisir qui génère son appétit de vivre, qui lui donne la force de crier quand il a faim autant que d’exprimer son contentement par le sourire et les roucoulades, le bébé commence sa vie sociale sur le principe du plaisir absolu.
Pourtant, alors que le plaisir l’a aidé à se garder en vie et à établir ses premiers contacts significatifs, il lui faut très vite se plier aux caprices de la réalité. Que ce soit pour attendre, réfréner les gestes impulsifs, faire les besoins sur le pot et autres obligations… les adultes n’en finissent pas d’exiger! C’est une épreuve terrible, indispensable à la socialisation; or, si l’enfant peut la surmonter, c’est grâce au jeu symbolique grâce auquel il revit, transforme et s’approprie ces situations si difficiles à assumer.
Le jeu, enfin, c’est un espace privilégié pour se projeter dans le temps et pour visualiser ses désirs les plus fous. Quand notre petit imaginatif est chasseur de tigre, princesse ou magicien, tout devient possible, dans le présent comme dans l’avenir. Cela crée l’espoir et donne des clefs pour passer à travers les épreuves inhérentes à notre passage sur terre. En ce sens, le jeu est la porte qui accorde à nos enfants le droit de rêver leur vie. Ainsi, non seulement l’enfant ne peut apprendre sans jouer, mais sans le jeu, il ne peut tout simplement pas vivre. Alors, autant pour favoriser leur développement que pour nourrir leur droit au bonheur…
S’IL VOUS PLAÎT, LAISSONS NOS ENFANTS JOUER!
Parce qu’en jouant, l’enfant APPREND… TOUT!