Comment être bienveillant avec les petits entre 18 mois et 3 ans, période souvent difficile autant pour l’enfant que pour ses parents?
Comment aborder cet âge étonnant? On y voit le petit de l’homme quitter sa nature de bébé charmeur, heureux d’obtenir tout ce dont il a besoin sans trop d’efforts et qui suivait avec le sourire maman et papa dans leurs décisions. Et le voilà qui traverse la première grande crise de sa vie : la période du NON!, ou phase d’affirmation.
Cette période de développement de l’enfant a mauvaise presse. En référence aux velléités de pouvoir du petit sur son entourage, ou encore à ses crises intempestives lorsqu’il n’a pas ce qu’il veut, on parle de « phase d’opposition » ou encore de « terrible two »!
Eh bien! Pour ma part, je les nomme mes « Amazing 2 », ces petits hauts comme trois pommes qui réclament leur indépendance avec si peu de moyens disponibles, qui font un nombre d’apprentissages impressionnants au quotidien et qui, couche et biberon en bandoulière, sont prêts à affronter des géants 3 fois plus grands qu’eux… leurs parents! Quel courage! Quelle détermination! Avec moins de 50 mots disponibles, la marche tout juste solide, et ayant à peine acquis l’assurance d’être aimés de leurs parents grâce au processus d’attachement, les voilà à la conquête de leur autonomie avec, pour tous outils, leurs « je suis capable », « moi tout seul », « moi veux » et bien sûr… le fameux « Non! ».
Pour bien comprendre les défis que rencontre le tout petit entre 18 mois et 3 ans, il est bon de prendre conscience des apprentissages immenses qu’il parcourt durant cette phase. La fonction neuronale est en vitesse maximum, des millions de nouvelles connections par jour sont nécessaires au cerveau pour emmagasiner les incroyables apprentissages de cet âge magnifique. En effet, un an et demi après ses dix huit mois, le petit de 3 ans court, fait du tricycle, mange et se déshabille par lui-même, est propre le jour, ou peu s’en faut. Il manie crayon et autres outils manuels, peut jouer seul de 10 à 20 minutes et parfois plus, est attiré par les autres enfants et peut s’attacher et obéir à d’autres adultes que ses parents. De plus, il se fait comprendre, il aime chanter, dessiner, et danser; il s’intéresse à plusieurs notions cognitives et démontre ses premiers champs d’intérêt.
Quelle escalade entre 18 mois et 3 ans! La description ci-dessus est utile pour remettre au centre de la perception de cette période de l’enfance le réel défi qu’elle représente : une somme d’apprentissages phénoménale, comme il n’en existera pas d’autre aussi intense au cours de toute la vie, et un bond qualitatif formidable pour le tout petit : devenir, en un an et demi, le petit enfant de 3 ans, qui acquiert une première autonomie sociale, une certaine capacité de réfréner ses pulsions de plaisir immédiats et une nouvelle habileté, prémisse de l’autodiscipline qui s’ébauche : la capacité et le désir de se conformer aux demandes de ses parents. Ouf!
Quelles sont les trois clés clés magiques pour aborder avec bienveillance cette magnifique et intense période?
1ère CLÉ : LA CONSCIENCE DE LA RÉALITÉ DU TOUT PETIT
Le premier pas que nous devons franchir pour être bienveillants durant cette période, c’est de prendre conscience de ce que vit le tout petit, de ce qu’il affronte comme défis, ceux-ci étant intimement liés aux caractéristiques de cet âge. On peut reconnaitre comme caractéristiques affectives principales de la phase d’affirmation, entre 18 mois et 3 ans :
2ème CLÉ : LES CARACTÉRISTIQUES DE CETTE PÉRIODE EN SONT LES COMPOSANTES
Un deuxième pas vers la bienveillance, c’est de considérer ces caractéristiques comme des composantes de cette période, dépendant des défis rencontrés, de la fatigue occasionnée par les multiples apprentissages et du dilemme énorme qui se pose à l’enfant de cet âge : vouloir avancer, grandir, prendre son élan, et tout à la fois, vouloir s’assurer de l’amour inconditionnel de ses parents chéris… et dont il faut s’éloigner pour grandir! (Il y a de quoi y perdre son jargon!)
3ème CLÉ : INTÉGRER LES DEUX CLÉS-OUTILS MAGIQUES
Le troisième pas à framchir, c’est d’apprendre les 2 clés magiques lors des affirmations et des décharges émotionnelles du tout petit:
Ces deux clés-outils d’intervention bienveillante sont complémentaires et dépendantes l’une de l’autre. L’enfant en difficulté, quand il est accompagné par un parent, ou une éducatrice, qui lui parle avec calme, utilisant peu de mots, et restant fermement persuadé que la demande qu’il fait à l’enfant est légitime et bonne pour lui (se laver les mains, s’habiller, se conformer à ce que l’on mange au repas, aider à ranger à la fin de la journée, etc.) permet à l’enfant d’apprendre :
Après deux ou trois essais, un tout petit enregistre, à sa manière, que ses façons de faire intempestives sont inutiles; il apprend ainsi à se conformer aux règles sociales, dans une ambiance bienveillante, à la fois douce et ferme.
Quels sont les avantages d’être bienveillant à chaque épisode délicat de cette période intense, autant pour le petit que pour les adultes qui en prennent soin?
En résumé, Il y a moyen de percevoir la phase d’affirmation avec toute sa beauté, et d’y sentir tout le besoin de compassion des petits qui traversent la première grande crise de leur vie. En voir la beauté nous redonnera le sens de l’humour, autre clé magique pour cette traversée. Avoir de la compassion nous permettra d’intervenir avec empathie, en se mettant avec bienveillance à la place de nos « Amazing 2 »
Au plaisir! Sans oublier qu’en éducation…