Que faire lorsqu’un petit pousse un autre dans le local de la garderie, et parfois, après nous avoir regardé du coin de l’œil? À la maison, comment exhorter l’enfant de 5 ans à s’habiller sans qu’il se mette à hurler : «JE N’IRAI PAS À L’ÉCOLE!»? À l’école, que faire avec l’enfant qui, systématiquement, dérange l’enseignant, ou les autres enfants?
Regardons trois clés pour être bienveillants lors de ces « demandes d’attention »
Les exemples ci-dessus nous font en effet penser à une demande d’attention, et j’entends souvent l’adulte concerné ajouter l’adjectif « négative », que pour ma part, je n’utilise pas. Car je considère une demande d’attention comme une question, un appel à l’aide, ou encore un appel ou rappel à l’attention de l’adulte; elle est donc neutre et sans intention de faire du mal à qui que ce soit.
C’est le fait le plus souvent de petits de moins de 3 ans, au langage pas assez élaboré pour s’en servir dans un moment plein d’émotion ou de crainte. Ces agissements se voient de façon courante dans les groupes de plus petits à la garderie. Dans la famille, un petit en pleine période d’adaptation au nouveau-né ou dérangé par une situation difficile, ou vivant une peur d’abandon, peut aussi agir ainsi pour appeler l’aide et la compassion de ses parents.
Enfin, des enfants de plus de 3 ans, à la garderie, à l’école et à la maison, peuvent se servir de ce mode « d’appel à l’adulte » quand la situation, l’émotion, dont la peur en particulier, le remet dans la vulnérabilité de sa toute petite enfance.
Comment ne pas tomber dans le piège du « il fait exprès », suivi d’une escalade provoquée par une intervention réactive? Ces situations arrivant souvent à un moment fort peu approprié pour le parent, l’éducatrice, ou l’enseignante au niveau primaire, il n’est pas toujours facile de répondre avec calme et patience.
1ère CLÉ : NE PAS JUGER
Pour agir avec bienveillance dans ce genre de situation, ne pas juger l’enfant comme s’il le faisait exprès ou qu’il agissait avec malice. En effet, sans langage suffisant, et souvent rempli d’une émotion qui le submerge, le jeune enfant n’a tout simplement pas les capacités cognitives pour anticiper et organiser une guerilla contre son parent bien aimé ou son éducatrice dont il veut l’attention. Quant aux plus âgés, assez vulnérables pour agir comme s’ils avaient moins de 3 ans, ils réagissent avec l’impulsivité propre aux tout petits.
Donc, la première clé, ne pas juger, nous permet de remplacer notre irritation par de la compassion et une attitude d’écoute au besoin de l’enfant. Une réaction trop prompte, capable de mettre le feu aux poudres, sera alors évitable plus facilement.
2ème CLÉ : PERCEVOIR L’APPEL À L’AIDE
Pour agir avec bienveillance dans ce genre de situation, il est important de percevoir la demande comme une question, ou un appel à l’aide. Derrière une demande d’attention, le mot le dit si bien, il y a un besoin d’attirer l’attention de l’adulte dont l’enfant a besoin pour se réconforter. Ça peut être une question : « dis-moi que tu es là pour moi », ou un appel à l’aide « j’ai besoin de toi et je ne sais comment le dire », ou tout simplement : « regarde ce que je fais, j’ai besoin de ton approbation ». Je nomme « appels à l’adulte » ces différentes raisons fort légitimes pour un petit de chercher, à tout prix, l’attention.
Donc, la deuxième clé, percevoir une question ou un appel à l’aide dans la demande d’attention, nous permet de nous placer dans la position de « répondre à la question ou au besoin », plutôt que d’être en réaction ou même, en opposition à l’enfant.
3ème CLÉ : Utiliser la Méthode ACCeS
La Méthode ACCeS , grâce à ses trois propositions complémentaires, est une clé de bienveillance en soi.
L’Accueil est l’outil qui nous met en compassion et répond directement au besoin de l’enfant d’être entendu, compris dans son besoin.
Exemple : Si l’enfant refuse de s’habiller, phrase d’accueil : « je vois que ça ne te tente vraiment pas de t’habiller. » (Avec un câlin, c’est encore plus efficace!)
La Consigne Claire positionne notre rôle de guide éducateur qui va aider l’enfant à apprendre, à se conformer à la situation ou à acquérir de nouveaux outils pour se faire comprendre.
Dans l’exemple ci-dessus : « Il faut s’habiller chaudement pour aller jouer dehors. »
Le Soutien assure à l’enfant notre accompagnement pour réussir à se conformer à la règle.
Dans l’exemple ci-dessus : « Ce n’est pas facile de passer ces pantalons. Veux-tu de l’aide? » (Ce que l’on veut, c’est encourager l’enfant à s’habiller. Pour « s’habiller tout seul et sans pleurer », ça viendra. Et d’autant mieux si l’enfant se sent réconforté et soutenu dans ses efforts.)
Donc, notre troisième clé, utiliser ACCeS, évite les effets les plus difficiles d’une réponse négative de la part de l’adulte. Par exemple, un enfant qui se fermerait de plus en plus, qui perdrait confiance en l’adulte, et parfois « dans les adultes en général » et qui augmenterait ses demandes d’attention sans rien apprendre.
Par contre, avec un enfant qui se sent écouté, qui reçoit l’attention dont il a besoin, tout en apprenant à se conformer aux exigences du moment, nous courons le beau risque de tracer le chemin vers… la confiance et la collaboration.
Car n’oublions pas : En éducation